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Hyaku Monogatari

samedi 5 juin 2004, par Areyos Alektor

Hyaku Monogatari peut être traduit par les 100 histoires, il est surtout utilisé comme terme pour symboliser les recueils d’histoires de fantômes au Japon. Il s’agit d’un genre et d’un style bien définit qui possède des règles bien établies, basées sur les légendes japonaises.

Dixit Hudson Soft il ne s’agit pas d’un jeu mais d’une « Dejitaru Noberu » ou plus couramment d’une Digital Novel, l’essence même d’un Digital Comic puisqu’il est question avant tout d’exploiter le numérique au profit d’une histoire. En français on appel cela un Roman Interactif, il existe quelques merveilles comme Sinkha de Marco Patrito, un italien très talentueux, dont je vous recommande fortement la lecture.

Avant de parler de la production d’Hudson Soft, j’aimerais vous présenter 2 oeuvres proposant une narration différente et dépourvue d’interactions. En l’occurrence il s’agit d’un anime et d’un manga, dont ce dernier est disponible en Français par le biais de l’éditeur Delcourt (/Akata).

Kyogoku Natsuhiko Kousetsu Hyaku Monogatari

Diffusé entre le 3 octobre et le 26 décembre 2003, ce dessin animé japonais est assez particulier. En effet il prend comme trame l’histoire d’un jeune écrivain nommé Yamaoka Hyakusuke qui aura comme but la rédaction d’un recueil de 100 histoires de fantômes en voyageant à travers tout le Japon.. Etrangement il va vivre au quotidien des aventures le confrontant à l’irréel, le fantastique voir carrément l’horreur dans sa plus simple expression. Il rencontrera un groupe plutôt étrange autour de qui s’articulera des histoires sombres se terminant toujours par une fin abrupte et sanglante, mettant un terme à une criminalité échappant au rationnel, dont le point final est une cloche. Cette rencontre n’est pas forcément fortuite comme on pourra s’en rendre compte au fur et à mesure du déroulement. Ce groupe si particulier est constitué par Mataichi (qui a sauvé notre écrivain alors qu’il allait tomber dans un ravin, et le sonneur de cloche de service), Ogin et Chouji.



L’histoire se déroule pendant les 15 ans du Bakumatsu (fin de l’ère Edo) qui signifiera la fin du Shogunat, quant le gouvernement Tokugawa a vacillé au profit de l’ère Meiji. Une période assez sombre où la peur de monstres et de l’occulte était très forte. L’horreur telle qu’elle pourra être observée n’est finalement que la représentation des travers de l’être humain. Bien souvent du à de la lâcheté, de la haine, et une grande forme d’incompréhensions elle poussera des personnes qui feront preuve de faiblesses d’esprits à commettre les pires atrocités qui soit sous couvert de forces démoniaques.



La production, du studio Tokyo Movie Shinsha (Akira, Cat’s Eye, Magic Knight Ray Earth, Space adventure Cobra ...) a la particularité de se découper en 13 épisode. Il s’agit donc d’une série courte, d’une durée de 26 minutes environ par épisode. Le character design est de Miya Shigeyuki. L’ambiance n’est pas confinée à un genre bien défini, on est plutôt ici face à un visuel assez expérimental où le jeu des couleurs transpose le travail esthétique opéré au confint de l’étrange. Plus proche d’illustrations stylisées par des traits traditionnels malgré le coté numérique bien présent, l’ensemble respire bon le parfum de l’abstrait. Le tout est porté par des musiques et des sons fruits d’une consonance atypique, nous plongeant dans une volupté glaciale à souhait.



L’ensemble parait assez lent et ennuyeux, mais il n’en est rien. Bien au contraire le déroulement va peut être un peu trop vite puisque le tout nous plonge dans des légendes pleines de ramifications. Il est assez facile de s’y perdre et de ne pas saisir toutes les nuances du scénario. Aucuns des personnages rencontrés, et sûrement pas Hyakusuke, ne contrôleront les événements. Seul le trio Ongyou fera preuve de discernement et n’influencera réellement le dénouement. On peut y voir une réflexion sur l’axiome de l’être humain et ses démons intérieurs, ainsi que la peur des bouleversements. A l’origine il s’agit d’une nouvelle dont l’auteur est Kyogoku Natsuhiko.

Le Manoir de l’Horreur (Zangekikan)

Ici tout est moins subtil que dans l’anime précédemment présenté. C’est sanglant, vicieux et morbide. Néanmoins on retrouve le même trait de caractère commun vis à vis des protagonistes. L’horreur est toujours perpétrée par des humains, qui ont la particularité de paraître normaux au premier abord. Avec des sous-entendus plus qu’explicite pour le fait qu’ils pourraient faire parti de votre entourage, les histoires tournent souvent autour de compulsivité comme la jalousie ou la possessivité toujours maladive et excessive. Le nom de ce manga est celui d’un ensemble d’histoires liées par le comte Kevin réparties tout au long des recueils (mais qui est le compte Kevin ? ;-) ).

L’auteur nous présente là une de ses premières réalisations qui évoluera positivement du premier au dixième volume, 10 tomes en constituant l’intégralité. Son pseudonyme est Ochazukenori, du nom d’un plat à base de riz que l’on retrouve sur la tête de son avatar présent au sein du manga. Spécialisé dans le fantastique à inspiration horrifique, il ne se contente pas de produire des recueils d’histoires courtes puisqu’il réalise aussi des films qui influenceront les réalisateurs nouvelle ère dans leurs recherches du toujours plus cauchemardesque. Parmi ses créations on peut citer Comet que l’on retrouve dans Boogey-Man, Manatsu no Yoru no Kaidan que l’on retrouve dans le premier volume de Suspence Eyes, Stalker dans le second volume et Akuma no Sasayaki dans le troisième. Et pour ne rien gâcher, pour nous joueurs avides de sensations nouvelles il est aussi derrière le Volume 74 de la collection SIMPLE1500 Series de D3 Publisher sorti en 2001 (The Horaamisuterii - Zangekikan Kehinhakushaku no Fukukatsu -). Sous ce nom à coucher dehors se cache en fait ... vous n’avez pas trouvé ? Relisez mon article, malotru(e) !

Le jeu

Le jeu a bénéficié d’une séquelle nommée Koden Furyoujutsu : Hyaku Monogatari, sortie sur Saturn le 08/08/1997 soit 2 ans après (qui profite notamment du Truemotion). Il existe aussi une version spéciale téléphone mobile compatible i-mode.




Cent histoires, cent bougies, tel est le concept du déroulement. Ce titre donne la part belle au surnaturel, plus exactement à la communication avec les esprits. Il en découle une ambiance assez particulière qui se rapproche grandement de ces soirées au coin du feu où un conteur partage ses histoires angoissantes avec les enfants. Mais comme on le sait, cela amuse autant les grands que les petits ;-)




L’essentiel du contenu se partage entre lecture et narration, comprendre le japonais est donc indispensable pour pouvoir profiter de ces histoires à faire peur. Une particularité bien agréable est l’utilisation d’un rendu du son 3D en software. Cela permet de pousser un peu plus loin l’utilisation des bruitages et sons d’environnement pour créer une atmosphère étouffante comme il se doit. Le rendu s’il n’est pas comparable avec le 5.1 d’une XBOX, est tout de même classieux si l’on n’oublie pas que nous sommes devant une PC Engine.




Etant donné qu’il s’agit d’occulte faisant intervenir des forces de nature particulière il est nécessaire de prendre des précautions en cas d’accident.

Il y est reproduit fidèlement la poésie et la littérature fantastique de l’ère Edo. Une grande importance a été donnée à l’écriture du contenu. Il en résulte une difficulté accrue du à ce style littéraire qui fait grandement appel à l’histoire mais aussi à un contenu très imagé. On retrouve essentiellement un individu confronté à la société et les forces de la nature. Comme on l’a vu pour Kousetsu et Zangekikan, cela se traduit par des personnages torturés par leurs démons intérieurs souvent du à environnement hostile pas forcément très explicite. Le but est souvent de dépeindre par le biais des créatures fantastiques que sont les fantômes, les défauts de la société. Ces créatures peuvent prendre différentes formes plus ou moins humaine, voir animales, le plus souvent assez commune mais avec un caractère grotesque bien prononcé afin de leur donner un aspect effrayant. On pourra citer une des oeuvres maîtresse de Katsushika Hokusai, à savoir : Hyaku Monogatari. Pour ceux qui voudraient en savoir plus voilà une petite sélection de liens :

- Lien 1
- Lien 2
- Lien 3

N’hésitez pas à faire des recherches il y a beaucoup de choses intéressantes à découvrir ne serait ce qu’à partir des éléments que je vous présente. Il n’est pas possible d’être exhaustif tant le sujet est vaste.



Un des points forts est assurément la participation de Inagawa Junji. Cet homme, née le 21 août 1947 à Shibuya (Tokyo), est une véritable star au Japon. Designer Industriel de métier, il est aussi très connu pour son penchant vers le surnaturel. Acteur né, on le retrouve dans de nombreuses productions notamment en tant que narrateur pour l’étrange. Entre les histoires, les photos, les films, la TV et même les jeux, il a su exploiter à peu prêt tous les médias pour nous faire partager sa passion. On citera par exemple son Mystery Night Tour. Pour ceux qui veulent en savoir plus, voilà le lien vers son site : Le lien. Outre ce titre, la séquelle et l’adaptation pour i-mode on retrouve aussi nombre d’histoires pour mobiles. Ce qui intéressera plus de monde se sont 2 jeux sorti sur Playstation, à savoir : Inagawa Junji Kyoufu no Yashiki et Inagawa Junji Mayonaka no Taxi.

  • Emanation :

D’un point de vue technique il faut reconnaître que l’ensemble est conçu très subtilement. Les graphismes sont digitalisés et retravaillés pour profiter pleinement de la palette couleur de la console. Le rendu est esthétiquement réussi malgré les limitations, avec des animations uniquement quand c’est nécessaire. La part belle est donné au son, diablement abouti à merveille. Musiques d’ambiances, bruitages, voix et sons étranges, toute la panoplie nécessaire à vous procurer des frissons fait acte de présence. Il n’y a rien d’extraordinaire (si ce n’est le son ;-) ) mais il n’y a pas de failles non plus, le plaisir n’émane pas d’une débauche comme cela pourrait l’être dans un Survival mais bien du contenu essentiellement narratif.




Au final

Je pourrais vous parler longuement du pseudo système de jeu (n’oublions pas qu’il s’agit de contact avec les esprits) mais aussi des différentes histoires, mais il faut reconnaître que se serait jeter à terre l’essentiel de l’intérêt qui repose, outre son ambiance, sur la découverte et la surprise. Ce que j’en dirais est surtout qu’il s’agit de ma production préférée dans le genre. Elle s’avère très efficace tard le soir, dans le noir complet avec un casque sur les oreilles. Je ne vous révélerais pas non plus ce qui ce passe une fois le tour fait de l’intégralité des bougies, néanmoins ... méfiez-vous des ombres qui rodent tapis dans les recoins avec leurs chuchotements emprunts de terreur.

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